[Isère] Notre Dame de l'Osier, de la basilique à la petite chapelle de Bon Rencontre
Je suis arrivée à Notre Dame de l'Osier sans savoir ce qui m'attendait... Je n'avais initialement pas prévu de m'y rendre mais sur la route, un panneau portant ce drôle de nom m'a attirée... Et je crois que quelque part au fond de ma mémoire, j'avais l'histoire de cette apparition mariale. En effet, une fois sur place, avec quelques indices visuels complémentaires, je n'ai pas mis longtemps à me rappeler du récit ! (Par contre, impossible de me souvenir où et quand j'ai bien pu l'entendre !)
En mars 1649, dans un des hameaux de Vinay, Pierre Port-Combet, huguenot, décide de ne pas respecter le jour chômé en l'honneur de Sainte Marie et va tailler ses osiers. Mais soudain, il se rend compte que du sang jaillit des branches taillées de l'arbuste. Appelant son épouse, catholique, celle-ci constate l'écoulement mais rien ne se passe sur les branches qu'elle taille. Il en est de même pour 2 amis du couple, catholiques également. Pourtant, chaque nouveau rameau coupé par Pierre Port-Combet se met à saigner.
Rapidement, la nouvelle est colportée et beaucoup y voient un signe marial. Le hameau devient un lieu de dévotion.
En 1657, alors qu'il laboure son champ, le même Pierre Port-Combet est interpellé par une jolie dame qui lui demande de changer de vie et de se convertir au catholicisme, en lui prédisant les flammes de l'enfer s'il persiste dans son entêtement. Tombant malade quelques mois après, et persuadé d'avoir rencontré la Vierge Marie, il devient catholique peu avant de mourir et se fait enterrer au pied de son osier.
Dès lors, les pélerins vont affluer de plus belle dans le hameau devenu paroisse Notre Dame de l'Osier. Ce sont d'abord les Augustins qui se chargent de l'accueil. A la Révolution, leur couvent est mis à sac et quelques reliques sont récupérées par des voisins.
Il faudra alors attendre 1834 et l'arrivée des Oblats de Marie Immaculée pour que l'activité religieuse reparte. En plus du sanctuaire, ils mettent en place un noviciat sur le site, d'où des missionnaires partiront essentiellement vers le Canada, Ceylan et l'Afrique du Sud. Le noviciat sera transplanté en Italie en 1901 suite à la loi sur les congrégations religieuses. Les Oblats quitteront le village en 1997.
En parallèle, l'accueil des pélerins est pris en charge par une branche féminine des Oblats et ensuite les soeurs de la Sainte Famille.
En 1858, les travaux de la nouvelle église débutent. Elle sera située à l'emplacement de l'osier miraculeux, où déjà une croix puis une chapelle avaient été érigées. Elle sera consacrée en 1873 et accueillera une statue de Marie couronnée. Elle sera érigée en basilique mineure par le pape Pie XI en 1924. C'est à cette occasion que le tympan sera orné d'une mosaïque reprenant l'épisode de l'osier sanglant.
Sa principale originalité tient à l'utilisation de briques rouges pour sa construction, une technique qui n'est pas courante dans la région, même si en l'occurence, les briques ont été fabriquées sur place. Les 2 clochetons de la façade auraient dû avoir des flèches qui ne seront jamais construites. Son intérieur reprend par ailleurs nombre de codes typiques des constructions néogothiques du XIXe siècle : carreaux de ciment au sol, vitraux racontrant l'histoire du lieu, statuaire expressive...
Dans l'axe de la porte principale de la basilique, on découvre la petite chapelle de Bon Rencontre, construite à l'endroit où Pierre Port-Combet labourait quand la Vierge lui est apparu. Edifice du XIXe siècle, modeste par ses proportions, il est un lieu important de dévotion. En témoignent le nombre de plaques qui recouvrent les murs et l'autel ainsi que les cierges allumés. Une peinture murale reprend la scène de la rencontre.
Un peu plus loin, dans l'ancien parc du sanctuaire, on trouve le cimetière des Oblats sur lequel veille une jolie statue de Marie.
Notre-Dame-de-l'Osier - Isère - mai 2018
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Et dans les petites rues du village, mon oeil a été attiré par une bâtisse en pisé et une toute petite pensée sauvage...